mercredi 10 septembre 2008

-"Qimen me suive"

-J'ai toujours trouvé aux grands thés noirs de Chine une sensualité certaine.De nombreux éléments concourent à la mise en place de cette impression:leurs parfums envoutants et assez capiteux,leur texture particulière,la très belle robe brun-rouge dont la liqueur se pare.Le Qimen que j'ai testé aujourd'hui, un Qi Hong Gong Fu de la M3T,n'échappe pas à cette règle,de plus,et c'est loin d'être le cas de tous les thés noirs,celui-ci a les qualités necessaires pour passer au Gong Fu,un vrai plus...

 Les Qimens ont la réputation d'avoir généralement une cueillette très fine avec des feuilles très petites.A la vue du matériel de départ sec,on a parfois du mal à imaginer le temps necessaire à la cueillette...ce thé a une très belle présentation,feuilles très fines avec un peu de "broken" quand même et une très bonne odeur assez fleurie.Compte tenu de la petitesse des feuilles et de la puissance potentielle de ce thé comme paramètres d'infusion ce sera:Théière de 17 cl,3 grammes,eau à 95°,8 infusions à 15",15",20",25",30",45",1'30 et enfin 2'. 





                                                    au centre une feuille de thé de rocher

 Les premières infusions sont typiques des Qimens,très belle liqueur brun-rouge complètée par une petite brume de surface,très dense au nez comme en bouche,c'est legerement huileux,ça roule un peu sur le palais,c'est gouleyant et très rond.C'est aussi très boisé, mièllé et malté ,presque trop puissant.La liqueur est très longue en bouche et la rétro-olfaction très prenante,j'aurais sans doute gagné à ne mettre que 2 grammes ou deux et 1/2.Le tout laisse à penser que ça va un peu manquer de finesse.

 Pourtant les infusions suivantes au cours desquelles le thé s'assagit,on découvre à la tasse à sentir des arômes plus fins:outre le caramel et de fines odeurs de grillé,c'est malté et ambré.Apparaissent aussi des pointes de muscat(surtout en bouche),de la vanille,de la réglisse et des notes patissières.Au fil des infusions,ce thé se déshabille,laissant entrevoir des atours très raffinés,ses parfums précieux,mais qu'il lui fallait avant ça le laisser se fatiguer,les notes "primaires" sur les premières infusions masquant le reste.
 
Voilà un thé qui m'a beaucoup plu.La méthode du Gong Fu Cha permet à ce thé de mieux s'exprimer.On peut alors se faufiler dans les méandres de sa complexité et enfin considerer que ces thés noirs sont aussi de véritables grands seigneurs.Enfin pour terminer,mon choix en matière de Qimen aurait pu se porter sur un autre thé.En effet le Palais des thés leur  propose un Qimen un peu plus cher,présentant une cueillette encore plus fine.Il n'est cependant pas évident qu'il présente les mêmes caractéristiques aromatiques.A essayer peut-être un peu plus tard...


10 commentaires:

Philippe a dit…

Dis-donc Alain, mais c'est très intéressant ce que tu nous racontes-là. J'ignorais complètement qu'il était possible de réussir un thé rouge en Gong Fu Cha. A l'époque quand j'en buvais, je préparais ces thés dans une grosse théière de 40 cl dans laquelle je laissais infuser 3 g de feuilles pendant 3-4 mn. La technique classique, quoi. Ca me donne envie d'essayer...

T.alain a dit…

j'ai commencé à pratiquer comme ça un peu par hasard,tout les noirs ne sont pas compatibles avec cette méthode.Mais quand c'est possible,le résultat peut être éloquent...
Je me suis aussi pris des gamelles,y compris avec des thés de la M3T.

Soïwatter a dit…

Eh oui Philippe, il est possible de gongfuchiser certain thés noirs. (Alain, tu vois, j'utilise ton verbe... Bientôt on pourra le proposer à l'Académie) Je crois qu'avec Alain, nous avons une expérience commune... Le Tse Ke de Stéphane... Une lubie d'un jour qui avait donné des résultats exceptionnels. Je te conseille d'essayer.

Mais pas avec n'importe quel thé. Essaie un Darjeeling de printemps, par exemple. Tu m'en dira des nouvelles... Tu auras un merveilleuse... horreur inbuvable, astringent et amer à souhait, sans aucune finesse qui te le fera regretter toute la journée et anesthésiera tes papilles pour plusieurs heures. Parfait avant un arrachage de dent!

A part ce thé de Stéphane, je n'ai rien trouvé de concluant, et j'ai fait quelques essais sur mes indiens classiques (Ceylan, Dargeeling, Nigiri). Je pensais que c'était pour cela qu'on pouvais le qualifier de Oolong rouge. Peut-être que ça réussi parce que le thé est à base du cultivar Luanze Oolong?

Cette nouvelle expérience d'Alain nous prouve que non. Mais il faut une valeur sure ou bien ne pas avoir peur des soufflets!

Anonyme a dit…

Merci Alain pour ce CR : enfin un article qui s'étend sur la complexité, les riches notes et parfums d'un thé rouge. Je ne peux que souscire à tout ça, moi qui adore les thés rouges, tous, du darjeeling au ceylan en passant par l'assam ...

ça te dit Alain d'échanger qq grammes de thé rouge ? Je voudrais avoir ton avis sur mon qimen hong et un qi lan que j'adore, tous 2, au petit dej...de "petits" thés sans pretention mais qui m'enchantent...Peux-tu m'envoyer ton adresse postale à lionel.quere@laposte.net ?

T.alain a dit…

@Philippe
Jette toi à l'eau.Le tse Ke Shan c'est possible cf mon post du 21 juillet avec le Da Ye ça devrait etre possible (tous deux c/o tea Masters)Il en a un autre et je vais l'essayer enGFC prochainement:le red ruby(voir le récent post de Béjita (tetsubin)ça éclaire un peu.En + beaucoup d'honneteté dans ses propos.
Sinon il faut avoir un peu de chance essayer ce qui semble bon,j'aimerais aussi passer un Yunnan par là aussi

Anonyme a dit…

essaye aussi en zhong (3g/10cl, infusions brèves), mais pense à utiliser une passette --sinon tu auras des molécules de particules plein la tasse : qui ne bouchent pas le derrière mais finalement c'est mieux sans sous-marins.

c'est très sympa aussi le zhong pour les thés rouges. J'attends avec hâte ta dégustation de celui que tu sais (je ne dis rien pour ne rien dévoiler) !

T.alain a dit…

@Flo
ah merci "Huggy".Bonne idée(encore une fois)
Très bien prochain post:du noir au Zhong.Pour la passette pas de pb,j'en ai une très fine.

Soïwatter a dit…

Ce post m'avais donné envie de goûter les rouges de Chine que je ne connaissais pas du tout...

Depuis hier soir, c'est fait, un peu par hasard. J'ai reçu lundi un gros colis de pu ehr du Yunnan (de Scott de YS) avec, en cadeau un bel échantillon de Banna Hong (du Xishuanbanna, il parait que c'est rare). Une merveille (tu me diras, je n'ai aucun point de comparaison), une odeur de praline et de vendanges (l'odeur boisée du raisin sortant du vieux pressoir), un gout puissant rappelant les odeurs mais en plus bien malté et caramélisé...

Ça me donne envie de faire d'autres découvertes...

T.alain a dit…

J'espere que tu l'essayeras en GFC... donne-moi des news...a priori ça doit pas etre mauvais vu que ça sent déja bon...j'ai lu qque part que les rouges du Sichuan pouvait etre fait à partir de Da Ye...

Janelle S a dit…

Awesome bllog you have here