lundi 16 février 2009

-Da Hong Pao n°2 - M3T -

-Plus d'un mois sans plonger mon nez dans mes Thés de rochers (TR)...franchement je ne m'en croyais pas capable...j'ai esperé un retour "aux sources" assez fort ...je l'ai eu.Ce Da Hong Pao (DHP) est sans aucun doute le TR que je préfere,ses qualités gustatives sont très largement au dessus du lot.Cela fait quatre mois que je me suis offert ce thé dont je commence à voir le fond du sachet,de plus la journée s'y pretait ,le soleil dans l'après midi faisait jouer sa lumière dans les fleurs jaunes du mimosa...il m'en reste de quoi faire encore un Gong Fu Cha,aussi écrire un commentaire devenait une petite urgence,ne serait ce que pour fixer quelques notes...Comme avec tous les grands thés,écrire un commentaire a toujours été pour moi un peu embarassant...d'abord par modestie,je n'ai pas une expérience extraordinaire et ensuite par peur de trahir un peu la grandeur de ces thés.Souvent avec eux je n'arrive pas à bien discerner les parfums qui en émanent,ils forment souvent un tout indiscible ,très complexe,beaucoup trop entrelacés pour pouvoir les démeler.De plus il me parait un peu péjoratif d'y retrouver tel ou tel parfum précis,les parfums de ces thés étant trop précieux et élégants pour etre comparer à quoi que ce soit...les parfums de ces thés existent par eux même et n'ont besoin d'aucune justification pour nous faire plaisir,parce qu'un grand thé est grand par le plaisir qu'il nous procure...





-Donc théière à Rochers 12 cl (un cadeau reçu il y a quatre mois...encore merci,elle est vraiment géniale),5 grammes de thé,eau à 95°,15 infusions à 3X45"/50"/1'15/1'30/2'/2'30/3'/5'/10'/15'/20'/30'/40'...une de plus aurait été possible...le thé sec dégage déja une bonne odeur boisée...
-Ce thé m'a fait penser à deux choses:la première ce sont les passages les plus interessants (mais certainement pas les plus sordides...) du livre de Süskind "Le parfum",là où l'on envie le dixième de la moitié du nez de J.B Grenouille et la deuxième à un vin que j'ai bu à Noel...un Monbazillac 1972 que l'on m'a offert,une pure merveille,liquoreux et maderisé à souhait,plus trop sucré, avec des arômes et une complexité sublimes...






-Ce DHP m'a gratifié de 7 belles tasses à sentir,les trois premières sont réelement fabuleuses,d'une rare complexité...tout y est et avec une qualité et une puissance très impressionnantes...Boisé/ciré,notes de bois exotiques de type santal,notes de cire et/ou d'encaustique tres rafinées...les notes miellées évoque le miel de sapin avec cet effet "d'essence"...les notes fruitées/patissières font penser à une délicieuse tarte tatin avec une bonne présence de notes caramelisées/confites,mais aussi à un crème patissière...le côté floral se révele trés tôt ,à la première tasse puis évolue de façon très interessante,s'affine voir se raffine au fil des infusions pour finir à la septième sur des notes très délicates...les notes de torréfaction ne sont jamais dérangeantes...

-En bouche,c'est un thé assez charpenté,"costaud",la liqueur est consistante en bouche (comme lourde,dense),c'est goulleillant un peu grassouillet,bien rond,avec une petite pointe d'amertume sur les deux premières infusions rajoutant du relief à la liqueur...le goût est très prenant,envahissant,puissant,il s'empare de la bouche et s'imprime dans le pharynx,s'y installe confortablement,durablement...la rétro olfaction est puissante et perdure longtemps.il existe plusieurs charnières à la dégustation,les 3 premières forment un tout puis le thé trouve son "équilibre" sur les trois suivantes,il devient plus élégant moins"brutal" plus fin.A partir de la sixième infusion la mineralité apparait,flagrante tout en étant délicate,elle perdure jusqu'à la quinzième infusion tout en étant accompagnée de notes épicées vanillées délicates...







-Les feuilles infusées sont belles,de plusieures couleurs allant du brun foncé au vert assez clair,je note l'absence de tiges....
-Le seul regret que l'on puisse avoir avec ce thé est son prix,un peu exclusif,mais qui est à la hauteur de ses qualités extraordinaires...à produit d'exception plaisir et prix d'exception,quoique parfois on puisse avoir des surprises...mais là c'est du tout bon...

16 commentaires:

Thomas a dit…

Très bel article!

j'adhère tout à fait à ce que tu dis au début en ce qui concerne les très grands thés... c'est ceux dont il est le plus difficile de parler.

j'ai aussi adoré ce thé... il n'est pas toujours facile à maitriser quand on le charge, c'est tellment puissant des fois... Hors-normes.

Francine a dit…

En te lisant, j'avais l'impression de sentir les effluves de cette merveille. Je suivrai une fois encore tes conseils... quand j'en aurai à nouveau

Soïwatter a dit…

Voilà un bel article qui démontre bien ton amour inconditionnel des Rochers. Comme Thomas, j'adhère à cette idée que les grands thés sont les plus difficiles à décrire. On a parfois l'impression de trahir le thé en essayant de vouloir le faire partager avec ceux qui nous lisent. Surtout que les mots sont le troisième filtre entre nous et les feuilles de thé (le premier est notre infusion, le second notre nez)

D'un autre côté, plus la difficulté est là, plus le challenge est grand, et on c'est sur les plus grands thés qu'il nous faut user de notre plume la plus aiguisée pour essayer de capter immortellement des instants aussi précieux que fugaces et ainsi rendre honneur à ces feuilles qu'on ne saurait assez encenser... Et c'est aussi un des aspects de ces notes de dégustations que j'adore!

Et je pense que c'est un thé que je vais adorer... Dès que j'arriverais à ouvrir une bulle d'espace-temps pour octroyer à une merveille un moment d'immortalité... (Me trompé-je dans mes déductions?)

T.alain a dit…

@Thomas

J'ai quand même un tuyau à te demander...l'as tu essayé en infusions longues il m'en reste un peu et j'aimerais l'essayer comme ça...
@mêmme leitmotiv...suis ce que ton nez te dit de faire...
@Soï
Comment auraisje pu ne pas t'envoyer un petit bout de bonheur...bonne déduction...

Anonyme a dit…

Ta comparaison à un vieux Montballizac éveille mon intérêt. Belle description.
Qu'entends tu par "prix un peu exclusif" ? C'est drôle, tout est relatif, au début les prix de le M3T me semblaient élevés par rapport à mes anciens fournisseurs ; finalement une boîte de thé dure plus longtemps qu'une très bonne bouteille, alors j'ai appris à apprécier très différemment la notion de prix. Mais tout de même... je n'ai aucune idée de ce que peut-être un thé cher. Pardon, plus clairement : combien coûte ce thé ?
merci !

T.alain a dit…

Ce thé est le deuxième DHP en terme de prix chez eux c'est le tres haut de gamme chez eux ...il y en a un encore + cher mais pour lequel je n'ai pas eu que des bons echos...manque de technique ..ratage ..quoiqu'il en soit je vois la fin de celui la avec tristesse ...si tu me communique ton e-mail je te donnerais des precisions sur les prix Merci

T.alain a dit…

Pour le Montbazillac je trouve qu'il y a un paralelle entre les aspects liquoreux des 2 boissons..le vieillissement de ce vin fait penser à un rocher,vraiment,la recombinaison des aromes par le temps evoque la complexité des parfums des Rochers aussi,le sucré bcp moins présent que dans un vin jeune,les comparaisons sont moins bonnes sur la structure...

Thomas a dit…

Alain,

Les seules fois où je l'ai fait en infusion longues, c'était sur base de très petits dosages: genre 3-4 gr dans 15 cl, infusé 3 min. J'avais trouvé ça un peu trop léger et pas trop satisfaisant... les fois où j'ai dosé "normalement", le thé me paraisssait déjà tellement puissant avec 45" que je n'ai pas osé pousser bcp plus...

Faut voir combien, il te reste?

en tout cas quand on pousse y'a pas de défauts... Il me semble qu'il vaut mieux le doser trop peu que trop...

C'est le problème de ces thés "hors-normes", ils se comportent aussi de manière hors-norme à l'infusion, et vu le prix au gramme, c'est difficile de faire n'importe quoi avec comme expérimentation avant de trouver la bonne manière de faire...

Ce que tu as fait comme paramètres me semble très bien si on ne veut pas trop prendre de risques...


As-tu essayé des temps plus longs?

T.alain a dit…

@ Thomas
Non j'ai pas osé je le trouvais tellement bien dans ses pompes comme ça que j'ai fait les 40 gr comme ça enfin 35...j'en ai offert 5 gr a Flo le jour ou je l'ain acheté et 5 a Soiwatter...pour services rendu à la nation....je pense qu'il m'en reste 5 gr tout juste..ça le fera meme si c'est le fond du sachet et un peu moins qualitatif..c'est drole de faire les memes parametres d'infusion sans s'etre consulté..Flo &tait partie a 45" aussi..je crois..elle m'avait envoyé un commentaire de dégustation comme j'en ai jamais lu...franchement elle a le nez de Grenouille JB...je ne l'ai pas relu avant d'ecrire sinon j'aurais rien fait....tiens d'ailleurs Flo t'es où? elle ne va pas tarder...

Thomas a dit…

<< elle m'avait envoyé un commentaire de dégustation comme j'en ai jamais lu...franchement elle a le nez de Grenouille JB...>>

je serai bien curieux de lire ça...

Avec Florence "grenouille", On s'est fait deux Rochers en dégustation Place Monge il y a peu, Bai Rui Xiang et Shui jin Gui... j'ai surtout bien appécié le Shui jin gui, beaucoup de caractère, très sauvage, très minéral, un peu caramelisé, fleuris... une persistance d'une longueur étonnante. Peu de torréfaction. Beaucoup de présence, le BRX faisait un peu light à coté... (ce qui ne m'a pas vraiment permis de m'extasier sue ce thé.)

T.alain a dit…

Shui jin gui ha celui la je ne le connais pas...et effacer un BaiRui Xiang...que je trouve puissant et vraiment bien en infusions longues...ça m'interpelle et attise ma convoitise...la prochaine commande sans doute..je t'envoie le commentaire de flo...tu verras c'est qq chose...

T.alain a dit…

le mail est envoyé Thomas...

Thomas a dit…

Tu verras, shui jin gui a un caractère complétement différent de Rochers que tu as commenté sur ton blog, et même de touts les autres que je connais, l'ancienne version de Tie luo han 2 y ressemblait un peu... (La nouvelle est parait-il très différente de l'ancienne)

Merci pour le commentaire de Flo (j'espère qu'elle n'y voit pa sd'inconvéniant...)

T.alain a dit…

Je pense que vous etes de vrais amis et qu'elle ne verra aucun reproche a me faire ...de plus je ne l'ai pas envoyé à tout le monde...tu n'es pas tout le monde...mais il est vraiment interessant...mail moi ce que tu en penses..
Merci pour le SJG je crois que ça va me plaire...j'en salive déjà....

Anonyme a dit…

pas de soucis, ça reste entre nous 3 :)

on a fait infuser en même temps dans les théières, et alterné les tasses (une de l'un suivie de l'une de l'autre) : c'est vrai que la personnalité de Shui Jin Gui prend vite toute la place dans le palais, "pousse-toi de là que je m'y mette". Un peu comme si tu mettais une panthère à côté d'un chat persan dans une cage, il y en a un qui se fait bouffer.

mais ce n'est pas du fait d'une faiblesse de Bai Rui Xiang. De plus, en référence à ton billet sur ce thé, il s'exprime certainement mieux avec des infusions démarrant à plus long.

c'est intéressant et finalement étrange de boire côte à côte deux thés qui ne sont pas sur le même registre -quoique dans la "même famille".

T.alain a dit…

@Flo
J'aime assez ta comparaison panthere/chat persan...je note cependant qu'en infusions longues le chat persan ne manque pas de "chien"...mais ce Shui Jin Gui m'intrigue d'autant plus que vous en parler tous les deux en des termes plutot élogieux...ça devrait réellement de plaire et ma curiosité va prendre le pas...quoiqu'il en soit il ne serait pas étonnant que je fasse un billet sur ce thé...apres tout c'est un rocher et ça ne dépareillerait pas ....